13 Gauguin et 9 Émile Bernard exposés au musée des Beaux-arts de Quimper
Le Musée des beaux-arts fait venir La Vision du sermon. L'oeuvre de Gauguin a marqué l'histoire de la peinture. Au grand déplaisir d'Emile Bernard.
Une des grandes expos de 2009 en France
C'est Beaux-arts Magazine qui porte ce jugement sur la prochaine expo du Musée des beaux-arts de Quimper. Et les oeuvres annoncées étayent le jugement : treize Gauguin, neuf Emile Bernard, un Van Gogh et des estampes japonaises. Une exposition resserrée construite autour de La Vision du Sermon, peinte en 1888 par Paul Gauguin à Pont-Aven. Les 29 oeuvres sont toutes datées de 1886 à 1888. Il s'agit de cerner le passage au synthétisme alors que Gauguin avait été impressionniste, Bernard pointilliste puis cloisonniste.
Un chef d'oeuvre de Gauguin
« C'est le chef d'oeuvre de la période bretonne de Paul Gauguin, rappelle André Cariou, le directeur du Musée des beaux-arts. L'un des plus importants tableaux de la peinture occidentale. Gauguin franchit un pas. Il quitte le naturalisme en montrant dans ce tableau ce qu'on éprouve, la vision du sermon. C'est la première fois qu'on peint ce qu'on ne voit pas. Une étape fondamentale dans l'art moderne. Y compris pour le cadrage, inspiré des estampes japonaises. »
Une faveur des Écossais
La Vision du sermon n'est jamais revenu en Bretagne depuis 1888. Le tableau n'a été exposé nulle part en France sinon à Paris à quatre reprises. André Cariou a obtenu cette faveur parce qu'il a servi d'intermédiaire entre la National Gallery of Scotland, et des collectionneurs pour monter l'exposition consacrée à Gauguin en 2005 à Edimbourg : « J'avais assisté au déballage des oeuvres à l'époque, rappelle André Cariou. Michael Clark, le directeur, connaît bien le musée de Quimper. J'ai vite compris qu'il ne fallait pas demander un prêt en été, en pleine saison touristique. Et s'en tenir à une période très courte. »
30000 visiteurs espérés
L'accord entre les deux musées s'est fait sur le printemps. L'exposition durera du 6 mars au 1er juin : « C'est une saison intéressante, il y a les vacances et les ponts, on peut toucher un public de toute la Bretagne qui sera attiré par des oeuvres qu'on ne voit jamais. » Les oeuvres prêtées viennent de nombreux musées, ceux de Newcastle (Angleterre), Orléans, Grenoble, Brest, Paris (Petit Palais, Orsay, Quai Branly) et d'une fondation hollandaise : « On est allé très loin dans les contacts avec les musées d'Amsterdam et le musée Thyssen à Madrid, mais sans aboutir. »
La solidarité des musées
Cette exposition n'a été rendue possible que grâce au réseau tissé entre les directeurs de musée. « On ne donne jamais les adresses des collectionneurs, mais on sert d'intermédiaire, précise André Cariou. Cela ne va pas de soi car il faut accepter d'élargir une relation privilégiée qui aboutit parfois à une donation ou un legs. » Le réseau sera à nouveau mis à profit pour l'expo qui s'annonce au printemps 2010, cette fois-ci consacrée au sculpteur Rodin.
Even VALLERIE.