Maurice Chabas (1862-1947), peintre et messager spirituel 3/5

Publié le par ebft


Maurice Chabas (1862-1947) Baigneuse au crépuscule ou La Pleine lune, vers 1895
Huile sur toile - 38,5 x 47 cm Paris, collection particulière  Photo : J.-O. Rousseau


L’exposition de Pont-Aven présente une sélection assez serrée mais certains paysages moins convaincants - sur ce plan, l'œuvre est contrasté - sont tout de même passés à travers les mailles du filet ! Certaines visions trop chromatiques, des compositions un peu rapides surprennent sans toujours plaire, même si quelques tableaux très célèbres à l’époque ne pouvaient pas ne pas être présentés, abondamment cités par la critique, imposants par leur monumentalité, acquis par l’Etat ou ornant de prestigieuses administrations et ainsi révélateurs d’un des aspects de la carrière de l’artiste. A côté de cela, comment ne pas admirer d’autres paysages, ses vues du Belon ou de l’Aven au crépuscule ou telles visions d’un estuaire embrumé que contemplent de petits personnages fantomatiques. Par moment, le peintre abandonne sa palette hyper-chromatique, sa touche mouvementée et trouve des harmonies de gris, de bruns, de vert d’une subtilité remarquable qu’une matière fluide et une composition inattendue renforcent : la Contemplation conservée au Petit Palais à Paris ou le Paysage acquis en 1972 par le Musée de Quimper en attestent. Parmi ces œuvres grandement réussies, la technique est pourtant aussi multiforme : la Pleine lune, avec son contraste de bleu et de noir, et au geste rapide, est si différente de facture des deux belles huiles du Musée de Poznan, plus synthétiques (reproduites mais finalement absentes de l’exposition pour de regrettables questions matérielles) qu’on se demande si elles sont dues au même artiste. D’autres paysages, eux, frappent par une sorte d’étrangeté un peu figée. Les voiliers y semblent spectraux et les rochers incongrus tandis que la silhouette d’un oiseau improbable possède quelque chose d’inquiétant. L’alignement de toiles à ce point réussies et d’autres moins frappantes mais si diverses désarçonne un peu mais finit, curieusement, par suggérer une pratique de la peinture dont la liberté et une sorte de gourmandise de peindre ne laissent pas indifférent.



Maurice Chabas (1862-1947) Voiliers sur le Belon, s.d.
Huile sur toile - 54 x 72 cm Collection particulière Photo : J.-O. Rousseau

Jean-David Jumeau-Lafond

Publié dans musée de Pont-Aven

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