Maison MARIE HENRY : 1994 - 2007

Publié le par ebft

Nos amis Ronan et Alain Taburet ont toujours soutenu la Maison Marie Henry. Ils ont été pendant de nombreuses années des partenaires fondamentaux de notre association et des acteurs du développement culturel de la commune et de la renommée mondiale de la Maison Marie Henry. Vous trouverez ci-dessous leur déclaration à l’occasion de l’assemblée générale de l’année 2008 qui relate leur rôle indiscutable:



Ce fut une heureuse initiative de Monsieur RAOUL, Maire de CLOHARS CARNOËT, et de sa municipalité que cette décision de faire revivre en une fidèle reconstitution la maison de MARIE HENRY au POULDU, avec le concours éclairé de l’ Association des amis de la Maison et de Marie Amélie ANQUETIL, Conservateur du Musée du PRIEURE, le Musée de Maurice Denis et des Nabis à SAINT GERMAIN EN LAYE.
Si quelques déboires de parcours marquèrent les premières années de fonctionnement, notre concours à partir de 1994, au sein de l’ Association a contribué à fixer, par de régulières expositions d’ été, les moyens et les ambitions du projet initial.


Il avait été convenu que l’ objectif premier, en direction du public, serait d’ initiation et de découverte :
- Initiation pour la jeune génération avide de culture, mais aussi pour un public, de plus en plus averti, certes, mais qui pourrait toucher ici, mieux que dans un musée, ce moment essentiel de l’ histoire de l’ Art au tournant du XXème siècle.
- Découverte enfin, pour les étudiants et leurs professeurs, les chercheurs, les conservateurs ou les collectionneurs, qui trouveraient là des œuvres ou des documents peu connus, rarement exposés ou récemment découverts ; et dans ce lieu, qui peut tout se permettre, des rapprochements d’ œuvres et d’ objets impossibles dans une autre structure.
Il s’ agissait donc de redonner à la Maison MARIE HENRY, un siècle plus tard, une atmosphère authentique, une âme, celle, au fond, que le tout jeune André GIDE découvrait par hasard, surpris, ici même, un soir d’ été lors de son voyage à pied en Bretagne en 1889.

Concernant les moyens, le soutien et la collaboration de diverses personnes privées, enthousiastes et généreuses comme le sont le plus souvent les vrais collectionneurs, ceux qui ne collectionnent pas pour leur propre satisfaction, ont permis d’ avoir accès à un “fond” d’ œuvres et de documents originaux importants. Ces prêteurs ont toujours voulu rester anonymes, qu’ ils soient ici remerciés en notre nom et, certainement, au nom de l’ Association MARIE HENRY dont je me fais ici le porte parole.


Ce “fond” mis à notre disposition, réunissant plus de 600 œuvres et documents a permis chaque année d’ aborder et d’ illustrer différents thèmes essentiels : les sources d’ inspiration des peintres, le parcours de l’ Ecole de PONT AVEN et du POULDU, les mouvements qui en sont issus. 
Une centaine de peintures, d’ estampes, d’ œuvres diverses, de documents originaux étaient présentés chaque saison.
Pour mémoire : en 1994 : “L’ Art en révolte”, puis “Symbolisme et Synthétisme”, “Paul GAUGUIN et ses amis” - “L’ Art primitif” - “L’ Art Populaire” - “O’CONOR et SEGUIN” - “GAUGUIN et Emile BERNARD” - “MAUFRA et DEZAUNAY” - “Les sources de l’ Art Moderne” - “Les estampes japonaises” - “L’ Art idéaliste et mystique” - “Les rebelles du Pouldu”.


Par souci d’ authenticité, les œuvres présentées, toutes originales, se limitaient dans le temps à la période Pont Aven - Nabis (1887 - 1900). Les documents originaux allaient des gravures sur bois du Moyen Age (DÜRER, 1500) aux estampes japonaises (HIROSHIGE 1850) et à l’ Idéalisme fin de siècle (SCHWABE 1900).
Une telle diversité a permis de toucher très tôt un nombre toujours croissant de visiteurs étrangers : Hollandais, Allemands, Autrichiens, Suisses, Anglais, Irlandais, Italiens, Japonais ont été surpris et heureux de trouver dans cette humble et célèbre auberge bretonne des œuvres ou des souvenirs de leurs propres artistes, œuvres qu’ ils imaginaient mal déjà connues ou présentes ici dès 1889 !

Au cours de cette période, nous avons noué d’ excellentes relations avec le Musée des Beaux Arts de BREST et de QUIMPER,, et le Musée Breton de QUIMPER qui ont diffusés nos prospectus.
Quant au Musée de PONT AVEN avec lequel nous sympatisions depuis toujours, son action en notre faveur a été très fructueuse pour la Maison MARIE HENRY.


Enfin, il faut noter que cette décennie 1990 - 2000 a été marquée par le centenaire de l’ aventure de PONT AVEN et du POULDU et de la révolution picturale. Une vingtaine d’ expositions majeures à travers le monde commémorèrent cette fiévreuse époque.
La Maison MARIE HENRY fut sollicitée pour des renseignements, des conseils et des prêts. C’ est ainsi qu’ après avoir été accrochéEs aux murs de l’ auberge, des œuvres partirent dans divers musées de France, mais aussi à AMSTERDAM au Musée VAN GOGH, à LAAREN, à NUREMBERG au célèbre Nationalmuseum, au musée des Beaux Arts de GRATZ en Autriche où la salle à manger de la Maison MARIE HENRY fut entièrement reconstituée, à Londres, Edimbourg, Dublin, Belfast mais aussi à Naples, Kansas City, Atlanta, Mexico et Gifu au Japon.

Rappelons qu’ actuellement au Musée de l’ Université d’ ATLANTA, est présentée une nouvelle exposition entièrement réalisée par nous même : “La gravure en Bretagne avant et après GAUGUIN : 1740 - 1940, des gravures sur bois populaires aux Seiz Breur”. René LE BIHAN, ancien conservateur du Musée de Brest y fait ces jours - ci une série de conférences sur PONT AVEN et LE POULDU. Et, sans doute serez vous étonné d’ apprendre que les étudiants d’ ATLANTA font des exposés sur “les estampes de O’CONOR au POULDU” et traduisent “Le Cheval d’ orgueil” !


La Bretagne ne peut mieux s’ exporter ! Les références à Marie Henry et à Clohars Carnoët dans les catalogues de ces expositions à l’ étranger se trouvent donc aujourd’hui dans les bibliothèques et les sites Internet de ces musées à travers le monde.

Au terme de notre activité nous formulerons quelques regrets. Il est dommage que des problèmes budgétaires n’ aient pas permis une nouvelle conception de l’ hébergement de l’ accueil. Une modeste, voir légère et provisoire construction aurait permis une tout autre gestion des visites guidées, et par la même de la fréquentation. Il est dommage également que la si pertinente analyse de Monsieur Mauxion n’ ait guère été retenue.


Egalement un catalogue des 400 œuvres présentées au cours des 14 années aurait constitué un document remarquable pour le public averti, les chercheurs et les collections publiques et privées.
Enfin, un ouvrage d’ art sur Marie Henry, son auberge, son entourage, son époque avait été envisagé. Nous avions personnellement pris contact avec les meilleurs spécialistes de cette période et de la Bretagne qui nous avaient donné leur accord. Souhaitons que quelques mécènes s’ y intéressent bientôt.

En définitive, ces années de recherches, de contacts, de réalisations, nous ont laissé d’ enrichissants souvenirs. Nous pensons aux larmes d’ émotion de METTE, l’ arrière petite fille de GAUGUIN, où à l’ intérêt ébahi de quelques historiens d’ art allemands découvrant que “La Vierge aux lapins” de DURER existait dans cette auberge à la fin du siècle; et le vif intérêt aussi de Samuel JOSEFOWITZ qui a soutenu l’ association et venait ici, chaque année, accompagné de sa famille et de ses amis.


Enfin, nous avons été heureux de découvrir nombre d’ œuvres et documents jusqu’ alors négligés, qui faisaient partie de la collection de Marie Henry et d’ avoir pu les présenter.
N’ oublions pas non plus la véritable ferveur avec laquelle d’ année en année nos hôtesses ont assumé leur tâche et approfondi leurs connaissances. Certaines y ont trouvé leur voie. Il leur arrive de nous écrire depuis pour nous dire leurs parcours et nous remercier de cette expérience première.


Nous formulons un vœu : n’ oublions jamais que deux humbles et obscurs personnages (Marie Henry reste encore un mystère) furent étonnament au cœur de la Révolution esthétique du XXème siècle; tous deux Bretons : Marie Poupée au Pouldu, le Père Tanguy , marchand de couleurs à Paris, l’ ami de CEZANNE, et l’ ami très cher de VAN GOGH, l’ ami et l’ initiateur des NABIS, mort dans la misère. Il convient pour l’ un et pour l’ autre d’ entretenir et d’ enrichir leur mémoire.

Au terme de ces quatorze années, ne pouvant citer chacun, nous remercions l’ Association MARIE HENRY, particulièrement en la personne de la fidèle Madame WITTE, Monsieur RAOUL, Monsieur LE FLOCH et leurs municipalités, Laurence PRIMA notre hôtesse et toutes ses compagnes, et tous ceux qui ont bien voulu nous aider, ici et ailleurs, dans cette tâche qui fut parfois difficile mais toujours passionnante.


Et c’ est cette passion qui nous a toujours guidés.


Ronan et Alain TABURET
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