Précisions sur Meijer de Haan 6/8: Le Pouldu
Buvette de la plage, Le Pouldu Vers 1890 Carte postale H. Laurent, Port-Louis
Le Pouldu
Les distractions au Pouldu sont rares et De Haan se consacre entièrement à son travail. C'est lui qui subvient pendant un temps aux besoins de Gauguin en échange de "cours" de peinture. De Haan évolue progressivement. Il s'intéresse aux qualités formelles de la couleur et à la représentation de la lumière pour dépasser ses premières oeuvres narratives aux tonalités assourdies. Il multiplie les esquisses dans le but de trouver des sujets et élaborer un style.
En octobre 1889, il emménage avec Gauguin dans une petite auberge tenue par Marie Henry. La jeune femme et le peintre hollandais entretiennent au cours de ce séjour une liaison amoureuse.
Les études de fruits et légumes réalisées par De Haan révèlent une assimilation des idées de Gauguin. Il commence à trouver sa voie, acquiert la maîtrise du modelé par la couleur, anime les arrière-plans en y introduisant des bleus, des mauves et des roses. Ses compositions sont souvent dominées par des diagonales très marquées.
C'est sans doute vers la mi-novembre que les deux hommes commencent à redécorer la salle à manger de l'auberge. Les murs sont progressivement recouverts d'oeuvres. De Haan peint notamment une Maternité, où l'on voit Marie Henry, assise, allaitant sa fille, Marie-Léa. C'est dans cet univers qu'ils sont rejoints quelques temps par les peintres Sérusier et Filiger.
D'autres artistes font un passage au Pouldu comme Maxime Maufra, Jan Verkadeen ou encore André Gide, témoignant plus tard ensuite de l'ambiance qui règne dans la petite auberge. On peut ainsi lire dans la correspondance du peintre Paul-Emile Colin : "Je revois cette salle commune […]. Un plafond de Gauguin, motif : des oies, le décorait. Les portes aussi étaient décorées de peinture. Un grand tableau à tonalité bleue représentait Marie la Bretonne et son enfant. […] Gauguin prenait sa guitare, Filiger sa mandoline, et l'on allait dans le sable en un coin de rocher".
De l'époque du Pouldu datent aussi plusieurs portraits de De Haan, peints, dessinés ou sculptés par Gauguin. Le peintre hollandais y apparaît comme obsédé de spiritualité, mais aussi perdu par sa volonté de savoir, et presque satanique de par son apparence physique.
Source Musée d'Orsay
Meijer de Haan (1852-1985), Nature morte au portrait de Mimi1890, Huile sur toile H. 50,2 ; L. 61,4 cm, Amsterdam, Van Gogh Museum (fondation Vincent van Gogh) © Van Gogh Museum, Amsterdam
Voir également notre article: