Balade temporelle : le samedi 8 Juillet 1989 – il y a maintenant 20 ans

Publié le par ebft

La maison de Marie Henry au Pouldu sur la trace de gauguin

Il y a 100 ans un homme débarquait au Pouldu. Cet homme s’appelait Paul Gauguin et cet anniversaire a été l’occasion samedi d’une sympathique manifestation.

A l'extrême gauche, en costume sombre, Gérald Bourlon, Maire-Adjoint chargé de la Culture et du Tourisme, à gauche, Charles Miossec, Président du Conseil Général du Finistère, au centre Marcel Raoul, Maire de Clohars-Carnoët, et à droite Louis Le pensec, Ministre des Dom-Tom et porte-parole du gouvernement.

« Il y a 100 ans, lorsque Paul Gauguin est arrivé au Pouldu, il faisait le même temps » : la reconstitution historique de la venue de l'artiste au Pouldu en Clohars-Carnoët ne pouvait être plus exacte. C'est en, effet sous un léger crachin que le maire de Clohars-Carnoët, Marcel Raoul, a accueilli samedi ses invités sur le perron de la Maison de Marie-Henry, maison qui est en fait, une réplique exacte de l'auberge à 10 mètres de là qui abrita durant quelques années de 1889 à 1893 Paul Gauguin, Jacob Meyer de Haan, Paul Sérusier et quelques autres artistes. L'inauguration a eu lieu samedi en fin de matinée en présence des élus locaux de Louis Le Pensec, le ministre des DOM TOM et conseiller général, mais aussi et surtout de M. et Mme Lévy ce couple américain sans qui cette reconstitution n'aurait pu avoir son caractère achevé. C'est à eux qu'appartient la fresque au-dessus de la porte de la salle à manger « L'Oie ». Jeune peintre en visite au Pouldu, M. Lévy l'avait acquise en 1924, à l'époque où la propriétaire de la « Buvette de la plage » avait entrepris de rénover les locaux. Une heureuse initiative qui permet aujourd'hui au public de découvrir cet authentique chef-d’œuvre dans son lieu d'origine (ou presque), et ce durant tout l'été.

Des murs couverts de fresques

« Marie-Henry » était de ceux qui n'hésitent pas à risquer leur réputation pour apprendre du nouveau sur eux-mêmes et sur leur temps (...) L'époque était alors pour les écrivains, pour les musiciens et pour les peintres à la découverte des régions de France et de leurs particularités. La Bretagne sut taire toute méfiance. Elle sut ouvrir grand les bras à ces gens d'ailleurs qui venaient à notre rencontre : Louis Le Pensec a jugé bon de rappeler les prémices de la rencontre entre ces artistes et Marie-Poupée, comme était surnommée l'hôtesse de la « Buvette de la Plage » . « La Bretagne, avant la Martinique, Tahiti ou les Marquises, sont plus qu'un sujet d'observation ou un motif pictural pour Gauguin ; elle bouleversera son art, sa philosophie de la vie » , a poursuivi le ministre avant de décrire la vie de ces artistes libres, « pour les beaux yeux de leur hôtesse et parce qu'ils ne peuvent réfréner l'envie de vivre dans un univers de fantaisie, ils ne se privent pas de décorer l'auberge à leur goût. Les murs sont couverts de fresques, les tableaux s'y bousculent, les aquarelles le disputent aux dessins ». Cet univers, le conservateur, Jean-Marie Cusenberche, qui a conçu et réalisé la reconstitution historique avec l'aide de la municipalité de Clohars-Carnoët et de l'architecte, Jean-Pierre Brunerie, a cherché à le retrouver. les pièces sont ornées de tableaux, de reproductions, de la salle à manger avec la fresque « L'Oie », aux chambres, sans oublier « l'atelier » .

Retrouver ses racines

« On retrouve ces lieux dans leur exacte configuration et les visiteurs peuvent tout l'été se figurer le mode de vie de ces peintres », a encore déclaré Louis Le Pensec. Avant lui, Marcel Raoul avait voulu expliquer les raisons de cette reconstitution : « par notre action, nous avons voulu retrouver nos racines, une certaine identité culturelle, celle qui existait à la fin du siècle dernier quand le Pouldu était fréquenté par des hommes sans doute marginaux, mais des génies de la peinture ».

La commune de Clohars-Carnoët a acheté la maison il y a trois mois. « Ce sera notre fierté d'avoir pensé à faire encore œuvre utile en permettant aux plus humbles de pouvoir se familiariser avec l'Art qui appartient à tous », a précisé M. Raoul. Le public pourra également se familiariser avec l'histoire du Pouldu et de Marie-Henry à travers l'exposition qui précède la visite de la « Buvette de la Plage ».

Il s'agit là d'une « réactivation du patrimoine culturel », selon Louis Le Pensec. Celui-ci souhaite voir « cet effort de conservation et de rénovation des œuvres du passé se compléter par une liberté de création des artistes en herbe, des Gauguin de demain sur les murs des cités ».

M. lone Timauré, ministre polynésien du développement n'était encore arrivé pour entendre cette invitation. Par contre, accompagné par quelques membres de son cabinet, il a suivi avec beaucoup d'intérêt la visite de « Buvette de la Plage ». En visite de travail pour deux semaines en France, il ne pouvait manquer l'occasion d'en apprendre un peu plus sur celui qui réalisa quelques-unes de ses plus grandes œuvres sur le sol polynésien : Paul Gauguin.

La maison de Marie-Henry est située au 10, rue des Grands Sables au Pouldu. Elle est ouverte au public du 7 juillet au 2 octobre, tous les jours de 10 h à 13 h et de 14 h à 19 h. Le prix d'entrée est fixé à 20 F (gratuit pour les enfants de moins de 8 ans, demi-tarif pour les étudiants, personnes âgées et groupes).

La fresque « L'Oie » , peinte par Paul Gauguin a été exposée en 1985 au musée du Prieuré de Saint-Germain en Laye, sa restauration ayant été confiée à M. Wilcynsky, restaurateur de tableaux et de peintures murales dans le Gard.

La conception et la réalisation de la reconstitution historique et l'évocation artistique de « La Maison de Marie-Henry » ont été l'œuvre de Jean-Marie Cusinberche, conservateur, de Jean-Pierre Brunerie, architecte, et des entreprises locales, sous l'égide du Conseil Général du Finistère et du Conseil Municipal de Clohars-Carnoët.

P. Tanguy

 

Source la liberté édition du 10 Juillet 1989

Publié dans anniversaires 2009

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