Peintres roumains (4/5). Les touches féminines

Publié le par ebft


«Kermesse en Bretagne», huile sur toile, 1925-1929, par Elena Popea (Collection Musée national d'art de Roumanie, galerie d'art roumain moderne).

Les oeuvres de deux femmes, Elena Popea et Rodica Maniu, sont exposées au Musée breton dans le cadre de l'expo «Peintres roumains en Bretagne». Touches contrastées.

Elena Popea (1879-1941) fit plus qu'une rencontre avec Lucien Simon (voir le 3e volet de cette série). Elle en fut l'élève, dès son premier séjour français entre1905 et1910. Mais au fil de l'exposition d'été du Musée breton, les visiteurs découvrent principalement des huiles peintes à un autre stade de son parcours d'artiste. «Ramendeuses de filet en Pays bigouden», «Bretonnes», «Moissonneurs», «Procession en Bretagne» et surtout «Kermesse en Bretagne» révèlent des «compositions dynamiques, dramatiques», aux couleurs parfois encore vives mais plus généralement diluées. Cette nouvelle période bretonne, entre1925 et1938, la voit affirmer «un nouveau registre stylistique», commente Monica Enache, l'une des conservatrices du Musée national d'art de Roumanie. «Elle élimine les détails, néglige les proportions et condense l'image qui se relativise», décrit la spécialiste.

Traitement sculptural

Il faut dire qu'Elena Popea a traversé dans les années de l'immédiat après Première Guerre mondiale une période tourmentée, de remise en cause de ses choix artistiques. Monica Enache raconte que lorsqu'elle rencontre Henri Lhote (1885-1962) en 1922, «fascinée par le personnage», «elle se familiarise avec le cubisme». D'où «une géométrisation des formes et un traitement presque sculptural» des personnages qui apparaissent sur ses grandes huiles bretonnes.

Figure au coeur

La peinture se révèle résolument impressionniste chez sa consoeur Rodica Maniu (1890-1958). Laquelle place la figure humaine, les femmes en particulier, au coeur de sa période bretonne. Cette aquarelliste de renom semble construire ses peintures en s'appuyant principalement sur la lumière. La composition en découle. Ses «Lavandières bretonnes» (Plougastel-Daoulas), présentée dans l'une des salles du Musée breton, illustre parfaitement ces deux traits. Tout comme cette vue de Douarnenez, «Port breton». Ces huiles-là, la Transylvarienne Rodica Maniu les a réalisées lors d'un séjour en Bretagne en 1920. Où elle s'est manifestement rendue sur la suggestion de son maître en peinture Charles Cottet (1863-1925), l'un des initiateurs avec Lucien Simon du mouvement artistique La Bande noire. Lequel donna de la Bretagne «une image rude dans un réalisme stylisé». Un autre artiste influença Elena Popea: son compatriote Nicolae Grigorescu. À suivre dans le 5e et dernier volet de cette série.

Source Le Télégramme édition du 12 Août 2009

Publié dans Beaux-Arts de Quimper

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