Sur les pas de Gauguin : visite de la maison de Marie Henry

Publié le par ebft


Au milieu des marchands de glaces et de souvenirs installés rue des Grands Sables au Pouldu, une petite maison attire le regard. Elle est toute simple mais des dessins aux couleurs vives illuminent les carreaux des fenêtres. Son jardinet a un petit côté « début de siècle » qui fleure bon le paisible et le temps suspendu. Découverte. Cette petite maison, buvette de la fin du siècle dernier, garde jalousement les traces de ses locataires et surtout celles de Paul Gauguin. Même si elle accueille les visiteurs, la « Maison Marie Henry » n'est pas un musée au sens propre du terme. Les tableaux et les grandes fresques, peintes sur les murs et le plafond, ne sont pas des « originaux ». Ce sont pourtant les authentiques reconstitutions du travail du peintre au « Christ Jaune ». Et si les différents propriétaires ont laissé partir fresques aux Etats-Unis et toiles dans les musées, une association, présidée par Françoise Witté et subventionnée par la municipalité, à décidé de faire vivre le passé en reconstituant le patrimoine et l'ambiance de la maison de Marie Henry. Ce travail de mémoire est réussi car tous les objets rassemblés invitent le visiteur au voyage et à la recherche du temps perdu. En octobre 1889, Gauguin décide de quitter les mondanités et l'académisme stérile de la capitale. Plutôt que de reprendre pension à l'auberge Gloanec de Pont-Aven, il se retire au Pouldu, plus près de la mer et des dunes battues par des vents plus sauvages. Dans un courrier, il écrit d'ailleurs : « j'aime la Bretagne, j'y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j'entends le ton sourd, mat et puissant que je cherche en peinture ». Tout est dit. Et dans cette « buvette » installée près de la plage et tenue par Marie Henry, « Marie Poupée », Gauguin, Jacob Meyer de Haan, Paul Sérusier, Charles Filiger et d'autres artistes de renom laisseront trace de leurs séjours. La collection est unique. Au rez-de-chaussée, la salle de la buvette a été refaaite et meublée à l'identique. Les verres de cette auberge de village sont toujours rangés derrière le bar et les cuillères à absinthe n'attendent que le sucre et la liqueur dont les poètes firent des folies. Dans une autre salle, surnommée « la salle des messieurs », murs et plafond sont peints par Gauguin et Meyer de Haan. Quand le mauvais temps les empêchait de sortir, les peintres utilisaient les murs. Marie Henry, en acceptait le principe, disant simplement : « les messieurs ont encore fait des barbouillages ». A l'étage, une salle d'eau et trois petites chambre. Toutes remeublées à l'identique. Et dans celle de Gauguin, le parquet craque et le lit est défait. « C'est parce qu'il était un peu désordonné », explique Françoise Witté. Sans doute, mais c'est surtout qu'il vient juste de fermer la porte et partir, « faire résonner ses sabots sur le sol de granit ».

source le télégramme édition du 29 Juillet 2000

Publié dans divers

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article