Précision sur la vente de " l'élévation I " de filiger

Charles Filiger (1863 -1928),
Elévation 1, (représente un Christ avec deux anges)
crayon, encre et aquarelle sur papier, 1893,
"... souvient toi de tous ceux qui te regrettent"
en bas: "fait à la mémoire de J. marie Henoff le 3 n° 1893"
Expositions :
Pont-Aven, Hôtel de ville, 8 Août au 14 septembre 1961, N°75
Saint-Germain-en-Laye, Musée départemental du Prieuré, 1981, N° 44
Bibliographie :
Marie Amélie Anquetil, « le sentiment religieux chez trois peintres de Pont-Aven », Thèse, Paris Sorbonne, 1975
Catalogue de l’exposition Filiger, Musée départemental du Prieuré, 1981
Provenance :
Collection Jean Le Corronc
Succession Marcelle Le Corronc
Association des Amis de la Maison Marie Henry
Acquis par les Amis du Musée de Pont-Aven le 31 octobre 2009
Cette œuvre a été exécutée par Charles Filiger en 1893, au lieu dit du village de Kersulé, au bas Pouldu sur la route de Quimperlé, en mémoire d’un jeune homme de Clohars-Carnoët décédé à 19 ans le 3 novembre 1893 (cliquez ici pour voir l'acte de décès), Jean Marie Henoff, qui fut certainement un de ses modèles.
Elle sera exposée une première fois du 8 au 14 septembre 1961 à l’hôtel de ville de Pont-Aven, au cours d’une exposition intitulée « Gauguin et ses amis » (thème qui sera repris plus tard par notre association en 2001 et 2003). Elle est inscrite sur le numéro 75 du catalogue, et appartient à l’époque à l’importante collection de Mlle Marcelle Le Corronc à Paris, descendante de l’ami et protecteur de Charles Filiger, Jean Le Corronc, sculpteur ébéniste, restaurateur de meubles anciens, mais également antiquaire et marchand de tableaux. Il accueillait des expositions de peinture dans le moulin de Rosmadec, où il a installé une crêperie après avoir refait les intérieurs et la décoration.
« L’élévation I » sera de nouveau visible par le public lors de la première exposition consacrée à Filiger de novembre 1981 au mois de février 1982 au Musée départemental du Prieuré à Saint-Germain-en-Laye. Elle est inscrite sous le numéro 44 du catalogue publié à cette occasion.
A la mi-octobre 1995, notre association a connaissance de la présence de cette œuvre (sous le numéro 13 du catalogue) lors de la vente aux enchères de la succession de Mme Marcelle Le Corronc, à l’hôtel Drouot, le 30 octobre de la même année. Les membres du bureau, Mme Françoise Witté, Mme Ghislaine Huon, Mme Marcelle Chassetuiller et M. Christian Dulac décident d’acquérir cette toile et mandatent M. Pierre Dupont, collectionneur et membre de l’association, pour négocier cet achat pour notre compte. Opération que se réalisera au prix d’achat de 35 000 francs sans les frais (5335 euros). Huguette Lepage, également collectionneuse et adhérente se chargera de son transport jusqu’au Pouldu.
Nous conserverons cette œuvre jusqu’au 31 octobre 2008, date où le bureau actuel décide de la céder au prix de 8000 euros à l’association des Amis du Musée de Pont-Aven.
Plusieurs raisons ont provoqué cette décision :
La première concerne l’état de l’œuvre. Une restauration était devenue nécessaire, nous n’avions plus le financement pour son exécution. Le Musée de Pont-Aven étant compétent pour ce travail et la conservation cette œuvre, nous nous sommes naturellement rapprochés de ce partenaire. Ce choix a aussi été déterminé par le maintien de cet ouvrage dans le patrimoine local, le Musée de Pont-Aven étant plus apte à sa valorisation par sa qualité, sa notoriété et ses conditions d’expositions et de conservation. Si une solution plus mercantile avait été recherchée, nous aurions cédé cette œuvre au plus offrant à l’occasion d’une vente aux enchères.
Autre point important, si nous n’avons pas pu envisager de faire restaurer nous-mêmes cette œuvre, c’est que M. Juloux, Maire nouvellement élu, a voulu la suppression de la subvention municipale pour évincer notre association des murs de la Maison Marie Henry.
Sans cette intervention, l’œuvre serait restée au Pouldu.
Du fait de cette décision, il fallait clore les comptes avant leur présentation à l’assemblée générale du 18 décembre 2008 et nous n’avions que nos actifs pour compenser un léger déficit de 817,99 € et la menace d’un recours au Prud’homme évoquée par M. le Maire. C’est pour rétablir l’équilibre, pour une prudente gestion et éviter de déposer le bilan, dans ces circonstances exceptionnelles et inattendues, que nous avons cédé une partie de notre patrimoine. Le choix s’est donc naturellement porté sur cette œuvre pour les raisons précédemment énoncées. Et, comme pour son achat, c’est le bureau de l’association qui a pris seul cette initiative qui était dans ses attributions.
La municipalité a dénoncé au travers de la presse et des conseils municipaux cette vente qu’elle qualifiait d’illégale. M. le maire, ignorant la réglementation des Musées de France, a annoncé publiquement qu’il récupèrerait l’œuvre, ce qu’il n’a pas pu accomplir.
Nous avons exposé en détail lors de l’assemblée générale les faits et les conditions de cette vente régulière dont la procédure est en tout point identique à celle de son acquisition.