éclairage sur "L'Oie" de Paul Gauguin
L'Oie, oeuvre de Paul Gauguin, 1889 Peinture à la tempera sur plâtre H.x L. x P. : 0,53 x 0,72 x 0,20 m
Signé en bas à droite P.GO, Musée des Beaux-Arts de Quimper
L’Oie est un fragment du mur de la salle à manger de l’auberge de Marie Henry au Pouldu. Elle était placée au dessus de la porte d’entrée tel une enseigne. Son sujet symbolise sans doute la beauté de l’aubergiste, que l’on surnommait « Marie poupée ». Laissé en l’état au moment du départ de Marie Henry, car le mur était porteur, « L’Oie » n’a été enlevé qu’en 1925, après avoir été redécouverte en juillet 1924 sous sept couches de papier peint et identifiée par le peintre américain Isidore Levy qui l'a acquise pour le compte de son frère.
L'anecdote de sa découverte est vraiment singulière: Mme Cochenec propriétaire de la buvette depuis 1920, veut rafraîchir la décoration à l'intérieur de la buvette et fait appel à Henri Tromeur, peintre en bâtiment de Clohars-Carnoët, qui en décapant les murs des nombreuses couches de papier peint posées par les propriétaires successifs, découvre les oeuvres des peintres Gauguin, Meyer de Haan, Filiger et Sérusier...
Deux amateurs éclairés, de passage à l'auberge au même moment, Abraham Rattner et isadore Lévy, tous les deux peintres, conseillent immédiatement de laisser en suspend les travaux : « il ne faut rien détruire et prévenir les musées parisiens !». Les spécialistes contactés demandent plus de précisions et qu’on leur adresse des photographies des peintures, mais ne se déplacent pas…
Maurice Gourier photographie les murs de la buvette, et Isadore Lévy qui a prévenu entre temps son frère aux Etats-Unis, achète l’Oie (ainsi qu'une autre cloison "la jeanne d'arc"), la sauvant ainsi d’une destruction certaine. Il fait enlever le pan de mur en le faisant doubler de barres de fer et de planches, l'emballe soigneusement et repart avec de l’autre côté de l’Atlantique.
Son périple aurait pu s’arrêter là mais pour notre plus grand bonheur, à l'occasion du centenaire de l’arrivée de Gauguin et de ses amis au Pouldu en 1989, la famille Lévy accepte, durant tout l'été, de prêter l’Oie qui retrouve ainsi son emplacement initial, le lieu de sa création dans la reconstitution de la Maison Marie Henry ...
Elle a ensuite été mise en vente et adjugée 700 000 FF (Hors frais d’achat), le 6 mai 1999, à l'hôtel des ventes Drouot-Montaigne, Etude Millon-Robert. Elle a été préemptée par le musée des Beaux-Arts de Quimper, cette préemption signifiant que les candidats à l’achat se sont désistés au cours des enchères laissant partir l’œuvre pour un prix bien moindre que celui qui aurait été atteint si celle-ci n’avait pas été interdite de sortie du territoire français.
L'oie figurait également sur le motif central du plafond aujourd'hui détruit.

Le plafond de la Maison Marie Henry, aujourd'hui disparu ou détruit
Des compositions d'oignons et d'aulx encadrent un couple d'oie stylisées qui regardent son reflet. Dans un angle, Gauguin a inscrit "ONI SOIE ki mâle y panse"

on peut constater au dessus de la porte à droite que l'Oie n'est plus présente...
ainsi que "la jeanne d'arc" à gauche
"les teilleuses de chanvre" au centre ne seront enlevées qu'en 1933