Le Pouldu. Sur les traces de Meyer de Haan

Publié le par ebft

Une photo hautement symbolique : dans la Maison Marie-Henry, Jelka Kröger (à droite) et Léa Duteil devant la reproduction d'un chef-d'oeuvre de Meyer de Haan. Celui-ci y avait peint amoureusement son hôtesse tenant dans ses bras sa première fille, Léa. Donc, la grand-mère de Mme Duteil dorlotant la demi-soeur de sa mère...




Le Musée historique juif d'Amsterdam prépare, pour 2009, la première grande rétrospective du peintre Jacob Meyer de Haan, un des « complices » de Gauguin en Bretagne. Le commissaire de l'exposition était cette semaine au Pouldu et à Pont-Aven : elle y a fait une rencontre d'un... symbolisme rare.

 

Elle s'appelle Jelka Kröger, et c'est un des piliers du Joods Historish Museum, créé en 1930 à Amsterdam à l'emplacement de quatre anciennes synagogues. Il s'agit d'un musée d'histoire, qui reçoit plus de 100.000 visiteurs par an, mais qui présente aussi régulièrement des expositions temporaires, comme celle qui était consacrée cette année à Sarah Bernhard, dont la mère était hollandaise. Jelka Kröger veut mettre en place une grande rétrospective de Meyer de Haan, peintre juif peu connu dans son pays. Et comme ses oeuvres sont dispersées à travers le monde entier, elle a pris son bâton de pèlerin.

 

Les deux objectifs de Jelka Kröger

 

Deux objectifs : se faire prêter des tableaux, sachant que les deux collectionneurs de l'artiste hollandais habitent l'un en Suisse, l'autre en Cornouaille bretonne ; et bien sûr, s'imprégner des ambiances qui ont inspiré l'artiste il y a plus d'un siècle. Jelka Kröger est donc passée par Pont-Aven, mais aussi par Le Pouldu, à Clohars-Carnoët, où Meyer de Haan a sévi aux côtés de Sérusier, Filiger et surtout Paul Gauguin (rencontré à Paris grâce à Théo Van Gogh, le frère de l'autre), sans se rendre compte que l'Histoire de la peinture mondiale, grâce à eux, négociait à cet endroit un tournant décisif. Ils étaient hébergés, on le sait, en 1889 et 1890, à la Buvette de la Plage par la charmante... et célibataire Marie Henry. Déjà mère d'une fille née à Paris qu'elle avait ramenée en Bretagne, elle était si charmante, cette hôtesse, que notre Hollandais en est tombé amoureux, tout en couvrant de fresques les murs de l'auberge avec Gauguin. Fils d'une riche famille de biscuitiers hollandais, Meyer de Haan était celui qui finançait la survie de ces artistes en Sud-Bretagne. Mais quand son père a su qu'il était amoureux d'une « moins que rien », il a exigé et obtenu son retour en Hollande. Gauguin s'est alors retrouvé sans argent, et c'est la raison principale pour laquelle il est parti vers les Marquises.

 

Naissance d'une fille

 

Tuberculeux, Jacob de Haan est mort à Amsterdam en 1895 sans savoir que Marie Henry, à qui il avait laissé ses tableaux, attendait un enfant de lui. Une fille, prénommée Ida, qui naîtra en 1891. Celle-ci a vécu en Bretagne et a eu plusieurs enfants dont une fille prénommée Léa, comme le premier enfant de Marie Henry. Et Léa, devenue Mme Duteil, habite avec son mari à Kerfany-les-Pins, dans la commune de Moëlan. Au Pouldu, la Buvette de la Plage a été reconstituée quelques mètres plus loin, devenant la Maison Marie-Henry, et son animatrice a eu l'excellente idée d'aménager une rencontre mardi soir, parmi les reproductions de tableau exposées à cet endroit, entre Jelka Kröger et Léa Duteil. Que d'informations à échanger ! Et les fantômes de Jacob et de Paul, quelque part entre les poutres, devaient sûrement écouter en souriant...

 

 

 

 

source le télégramme édition du 13 septembre 2007

Publié dans meyer de haan

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